Legs et dons de bienfaisance à la SCMO

Dons à des fonds nommés

TERTIA MARY CLEMENCY HUGHES (1967-1998)

Tertia Mary Clemency Hughes Spécialiste des sciences atmosphériques et océaniques, étudiante diplômée exceptionnelle. Née à Ottawa, le 24 juillet 1967. Décédée à Woodstock, en Ontario, le 23 novembre 1998, des suites de troubles de l’alimentation, à l’age de 31 ans.

Elle fut nommée Tertia car elle était le troisième enfant de la famille. Elle avait six semaines quand ses parents déménagèrent à Québec, où elle passa son enfance et fit son cours secondaire. Enfant, Tertia aimait beaucoup lire. Pour son cinquième anniversaire, elle demanda De l’autre côté du miroir parce qu’elle avait aimé Alice au pays des merveilles et avait appris qu’il y avait une suite en lisant la couverture arrière du livre. À sept ans, ses parents l’ont entendue donner à son jeune frère une explication claire de la théorie de l’évolution : « Alors, tu vois, c’est comme ça que nous descendons des sirènes ». 

En 1983, après avoir terminé son cours secondaire, elle entra au Collège régional Champlain, à Sainte-Foy, au Québec. Étudiante manifestement douée, et la plus jeune de sa classe, Tertia obtint son diplôme à 17 ans. Elle décrocha son Diplôme d’études collégiales en même temps qu’un prestigieux prix d’excellence scolaire et une bourse de début d’études à l’université Laval, où elle fit sa première année.

En 1986, Tertia retourna dans sa ville natale et obtint, en 1989, un baccalauréat avec concentration en physique et en mathématiques de l’Université d’Ottawa, avec grande distinction. Elle remporta aussi la médaille d’argent pour excellence scolaire de la faculté des sciences pour avoir obtenu les meilleures notes dans tous les domaines scientifiques. Son relevé de notes en fait foi : 28 premières places sur 28, dont 22 A+.

En 1987 et 1988, elle travailla avec M. Michel Leclerc, Ph.D., à l’Institut national de la recherche scientifique–Eau (INRS) de l’Université du Québec.

Tertia entra à l’université McGill en 1989, détentrice d’une bourse d’études supérieures du CRSNG (Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie). Elle avait auparavant refusé la McGill Women's Centennial Fellowship, car elle percevait dans cette bourse une discrimination fondée sur le sexe incompatible avec un accomplissement scolaire. Elle étudia les méthodes numériques dans les sciences atmosphériques et océaniques et le professeur Lawrance Mysak, qui lui a donné trois cours de niveau supérieur, a dit d’elle qu’elle était « une étudiante singulièrement douée, exceptionnellement brillante, encore que très modeste. »

Après avoir fait ses travaux de cours de maîtrise ès sciences, Tertia entreprit une recherche sur la circulation de la température et du sel dans l’océan Indien; elle fera sa thèse en un temps record (environ six mois). L’examinateur externe de sa thèse de maîtrise, le professeur Mike Foreman, fut d’avis que sa recherche était remarquable. Elle remporta le Prix pour étudiants diplômés de la Société canadienne de météorologie et d’océanographie (SCMO), prix qui lui fut remis au Congrès annuel de 1991 de la Société.

Elle entreprit immédiatement une recherche doctorale au département des sciences atmosphériques et océaniques de McGill en écrivant d’abord une analyse documentaire sur le rôle des océans dans le climat. Son instructeur, le professeur Andrew Weaver, fut si impressionné par cette analyse qu’il lui demanda de l’aider à produire un article complémentaire — il la considérait alors davantage comme une collègue que comme une étudiante. À McGill, elle obtint les meilleures notes dans chacune de ses classes de maîtrise et de doctorat.

En 1992, Tertia entra à l’École des sciences de la terre et des océans de l’Université de Victoria, où le professeur Weaver avait accepté un poste de professeur de faculté. Bénéficiant d’importantes bourses nationales, Tertia s’intéressa à la circulation océanique en même temps qu’aux interactions atmosphère–océan et termina sa thèse en 1995. Elle s’était mérité un tel respect que, même simple étudiante au doctorat, elle commença à réviser des manuscrits pour des revues scientifiques. Elle demeura à l’Université de Victoria à titre d’associée de recherche pendant neuf mois et collabora avec plusieurs travailleurs scientifiques dans des instituts nationaux.

Durant ses années à l’Université de Victoria, Tertia s’est fait plusieurs bons amis qui ont apprécié sa gentillesse et sa personnalité chaleureuse. Elle aimait organiser des activités sociales, comme des fêtes de départ, des réceptions-cadeaux pour bébé ou des fêtes d’anniversaire. Selon le professeur Weaver, Tertia était l’une des personnes les plus remarquables avec qui il ait travaillé. Elle était extraordinairement brillante et énergique et pouvait facilement accomplir le travail de plusieurs personnes.

En janvier 1996, Tertia se rendit à l’université Princeton pour travailler avec le professeur Jorge Sarmiento. Elle se consacra à son nouveau travail avec l’enthousiasme, l’énergie et l’ardeur dont elle avait fait preuve pendant ses années universitaires. Elle développa une compréhension profonde du cycle océanique du carbone et devint chercheuse principale dans un projet visant à étudier l’effet de ce cycle sur le réchauffement du climat. Ceci comportait notamment une contribution importante à la mise au point de la prochaine génération de modèles numériques utilisés pour l’étude de la circulation océanique, du changement climatique et du réchauffement de la planète.

La nouvelle du décès de Tertia, en 1998, suscita une vive émotion chez de nombreux scientifiques un peu partout dans le monde. Sa mort hâtive a privé la communauté scientifique mondiale de tous les succès qu’elle aurait obtenus.

La Société canadienne de météorologie et d’océanographie (SCMO) a nommé son Prix pour étudiants diplômés le « Prix commémoratif Tertia MC Hughes pour étudiants diplômés », en son honneur. Le prix inclut une récompense financière provenant de contributions d’amis et des membres de la SCMO. Il a été attribué pour la première fois au Congrès de la SCMO de 2000, à Victoria.

Bob Jones
Webmestre à la SCMO


ROGER WILLIS DALEY (1943-2001)

Roger Willis Daley Roger Willis Daley, visiteur scientifique émérite de l'UCAR au Naval Rechearch Lab, à Montery, est décédé à sa résidence de Carmel Valley, en Californie, le 29 août 2001. Daley est né à Purley, en Angleterre, le 25 janvier 1943. Tout jeune, il emménagea avec ses parents à Vancouver-Ouest, en Colombie-Britannique, au Canada. Il fit ses études à l'Université de la Colombie-Britannique où il obtint un baccalauréat en mathématiques et en physique en 1964. Il termina une maîtrise en météorologie à l'université McGill en 1966 en présentant une thèse sur la prévision des chutes de pluie à grande échelle. Après avoir travaillé deux ans comme prévisionniste météorologique à Goose Bay, au Labrador, et à Montréal, au Québec, il commença des études doctorales à McGill, qu'il termina en 1971. Sa thèse de doctorat portait sur la simulation de la convection au moyen de la méthode spectrale.

Daley fit deux années d'études post-doctorales à l'Institut de météorologie théorique de Copenhague avant de revenir au Canada pour y occuper un poste de chercheur scientifique au sein du Service météorologique du Canada (SMC) à Montréal. De 1973 à 
1977, il travailla en recherche et développement sur des systèmes de prévision météorologique numérique (PNM) qui ont été implémentés au Centre météorologique canadien (CMC). Il était à la tête de l'équipe qui a produit le premier modèle spectral de prévision opérationnelle du monde, utilisé à partir de 1976. L'approche spectrale est maintenant employée dans la plupart des centres de PMN globale opérationnelle et forme la base dynamique de la plupart des modèles climatiques présentement utilisés. Il fut aussi un co-développeur du modèle aux éléments finis à résolution variable que l'on a exploité au Canada dans des applications de prévision régionale pendant plusieurs années.

En 1977, Daley accepta un poste au National Center for Atmospheric Research (NCAR) à Boulder, au Colorado, où il fit des recherches sur l'initialisation non linéaire des modes normaux et d'autres problèmes du moment sur la dynamique de la circulation atmosphérique à grande échelle, notamment en ce qui touche la PMN globale. Il s'intéressa beaucoup plus aussi aux questions d'assimilation des données. Durant cette période, il fut l'auteur ou le coauteur de 16 publications révisées par des comités de lecture et il se mérita le NCAR Outstanding Publication Award. Ceci ne diminua en rien son intérêt pour les applications opérationnelles. Il s'impliqua dans l'implantation de l'initialisation non linéaire par modes normaux de modèles baroclines au CMC, au Canada, et à Météo-France, à Paris. Il implémenta aussi une formulation novatrice de la covariance d'erreurs au Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT).

En 1985, Daley retourna au Canada pour devenir chercheur principal au Centre climatologique canadien. Il participa à l'élaboration de l'agenda de recherches du Programme canadien de climatologie, lequel, dans les faits, constitua une initiative principale du Plan vert du Canada. Ce programme appuya la mise sur pied d'une solide capacité de recherche en climatologie, toujours en place aujourd'hui. Ses travaux scientifiques personnels ont abouti à la production d'un ouvrage intitulé " Atmospheric Data Assimilation ", publié en 1991. Cet ouvrage est devenu un classique du genre. Durant sa rédaction, Daley fut confronté à de nombreuses difficultés frustrantes et à des incohérences dans les approches utilisées pour l'assimilation opérationnelle des données. Il s'attaqua à ces problèmes et leur trouva des solutions. Toutes ces études de Daley menèrent à un foisonnement de publications révisées par des pairs au cours de la période de 1985 à 1995. Au moment où il quitta le SMC, ses compétences en assimilation des données étaient mondialement reconnues, non seulement à cause de son livre exhaustif mais aussi en raisons des développements novateurs qu'il proposa dans la théorie et la pratique de l'assimilation des données. De l'avis de certains scientifiques, Daley a largement contribué à élever l'assimilation des données au rang de domaine d'expertise scientifique prestigieux.

En 1995, Daley accepta un poste de " visiteur scientifique émérite de l'UCAR " dans la division de la météorologie maritime du Naval Rechearch Laboratory, à Monterey, en Californie, et il déménagea avec sa famille à Carmel Valley. Daley entreprit de concevoir et de réaliser un nouveau système d'assimilation de données variationnelles tridimensionnelles pour les besoins particuliers de la US Navy. Ce système porte aujourd'hui le nom de NRL Atmospheric Variational Data Assimilation System, ou NAVDAS. Le Fleet Numerical Oceanography and Meteorology Center et les centres régionaux de la US Navy l'utilisent dans les opérations depuis 2003. Le système NAVDAS est conçu pour répondre aux besoins d'assimilation des données à la fois dans les modèles globaux et dans les modèles régionaux imbriqués. Daley continua à innover autant qu'à implémenter. Ses collègues au NRL Monterey étaient vivement impressionnés par ses habiletés tant dans la programmation de composantes complexes du NAVDAS que dans l'algèbre matricielle abstraite de la théorie de l'assimilation des données. Daley avait beaucoup d'idées et était très actif dans la recherche sur une méthode de représenteur à itération accélérée comme nouvelle approche pour l'assimilation de données quadridimensionnelles.

Tout au long de sa carrière, Daley s'est vu proposer d'agir à titre de consultant, de visiteur scientifique ou de professeur auxiliaire. Il assuma des fonctions d'expert-visiteur au CEPMMT à Météo-France, à la Florida State University et à l'Université de Stockholm. Il fut professeur auxiliaire à l'université McGill, à la Colorado State University et à la Naval Postgraduate School de même que scientifique émérite au Service météorologique du Canada. Il fut aussi un conférencier très en demande un peu partout dans le monde; il donna notamment une série de conférences à Beijing, en Chine; il fut conférencier principal au Summer Colloquium de 
1990 au NCAR; et à l'université de Toulon, en France. Il consacra également beaucoup de son temps et de son énergie à des activités professionnelles en participant à plusieurs comités scientifiques internationaux importants, en réalisant des examens scientifiques et en étant membre des comités de rédaction des publications de l'AMS et de la Société géophysique de Suède. Il fut l'éditeur de la revue Atmosphere-Ocean de la SCMO de 1989 à 1992.

Daley reçut de nombreux honneurs au cours de sa carrière. La Société canadienne de météorologie et d'océanographie (SCMO) lui remit le Prix en météorologie appliquée en 1975 et le Prix du président en 1982. Il fut élu Membre émérite de la Société royale du Canada en 1993 et Fellow de l'American Meteorological Society (AMS) en 1997. En janvier 2001, il reçut la prestigieuse médaille Jules Charney de l'AMS pour une carrière remplie de réalisations scientifiques exceptionnelles.

Daley était un fervent alpiniste et s'intéressait beaucoup à l'histoire de l'exploration polaire. Il a laissé dans le deuil sa femme Lucia, 
33 ans; une sœur, Kate Daley, de Victoria, en C.-B.; un fils, Charlie Daley, d'Arcatam, en Californie; un frère, Andrew Daley, de Kelowna, en C.-B.; deux neveux et une nièce.

Philip Merilees, Chef de la division de la météorologie maritime Naval Research Laboratory


DANIEL WRIGHT (1952-2010)

Daniel Wright

Dan Wright était un scientifique hautement considéré. Il travaillait à la Division des sciences océanologiques du ministère des Pêches et des Océans, à l’Institut océanographique de Bedford (IOB). Dan a obtenu son baccalauréat en mathématiques de l’Université Laurentienne en 1975 et son doctorat en mathématiques appliquées et océanographie de l’Université de la Colombie-Britannique en 1978, sous la direction du professeur Lawrence Mysak. Il a ensuite reçu une bourse postdoctorale du Woods Hole Oceanographic Institution (1978-1979) et a travaillé avec Harry Bryden (Ph. D.), puis il a été assistant de recherche du professeur Chris Garrett à l’Université Dalhousie (1979-1981).

Vers la fin de 1981, Dan a accepté un poste de chercheur à la Section de la circulation océanique de lIOB. Il y était hautement productif, généreux et respecté, tout en étant, pour beaucoup au sein de la communauté des sciences atmosphériques et océaniques, un conseiller, un collègue et un ami. En 2008, Dan a été promu au plus haut niveau de recherche scientifique du gouvernement du Canada, en reconnaissance de ses remarquables contributions scientifiques et autres, au pays et à létranger.

Il a occupé pendant longtemps un poste de professeur auxiliaire au département docéanographie de lUniversité Dalhousie, où il a profité de cette occasion pour interagir avec les étudiants et les jeunes scientifiques.

Dan sest servi de ses compétences de haut niveau en mathématiques et de sa lucidité pour renforcer notre compréhension dune très large gamme de phénomènes relatifs à locéanographie physique et de leur fonction au sein du grand système terrestre, en se fondant à la fois sur la théorie et les observations. Il a entre autres considérablement contribué aux domaines suivants : la thermodynamique de leau de mer, la fonction de locéan relativement à la dynamique du climat, linstabilité barocline, la rectification maréale et dautres phénomènes dynamiques du plateau continental, la circulation océanique, de léchelle régionale à léchelle mondiale, les interactions entre phénomènes physiques et biogéochimiques, le développement de modèles de circulation innovateurs et locéanographie de lAtlantique Nord-Ouest. Il a corédigé plus de 70 articles, parus dans des revues scientifiques internationales, et plusieurs autres rapports et communications. 

La Société canadienne de météorologie et docéanographie a souligné lexcellence scientifique de Dan et limpact de celui-ci en lui décernant le Prix du président en 1992 et en lui offrant dêtre conférencier itinérant du CNC du SCOR. Il a été un spécialiste en océanographie physique de premier plan au Canada. Son influence sur les communautés scientifiques et connexes, dici et dailleurs, et sur les futurs scientifiques se fera longtemps et largement sentir. Mais avant tout, Dan Wright était un homme bien. Il était talentueux tout en restant généreux et humblerigoureux mais compatissantmotivé mais juste et honnêtedévoué à sa profession et encore plus à sa famille.

Vous pouvez effectuer un don, à la mémoire de Dan, au Fonds pour les bourses détudes de la Société canadienne de météorologie et docéanographie (SCMO).

Bulletin de la SCMO, août 2010
 


Uri Schwarz (1920-2010)

Uri Schwartz a été un supporteur de la SCMO durant de longues années. L’assemblée générale annuelle de la SCMO a décidé de nommer le Fonds de développement en l’honneur d’Uri, après son décès en 2010. Uri est né à Vienne (Autriche) le 22 juillet 1920. Il est décédé à Ottawa le 2 mai 2010.

Sa conjointe, Jetti Flora Deen, l’avait précédé dans la mort en 1997.

En 1938, après l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne (Anschluss), Uri Schwartz a quitté son pays pour étudier en Italie. Puis il a déménagé en Palestine, où il a étudié à l’Université technique de Haïfa. Suivant le début de la Deuxième Guerre mondiale, il s’est joint à la RAF, où il a suivi une formation de météorologiste. Il a ensuite servi en Égypte et en Perse. Après la guerre, il s’est joint au Service météorologique de la Palestine et, à la suite de la création de l’État d’Israël, aux forces aériennes israéliennes, puis au Service météorologique d’Israël, où il était responsable de la météorologie aéronautique. En 1957, il s’est joint à l’Organisation de l’aviation civile internationale. Il y a occupé un poste à la direction générale à Montréal, puis il s’est retrouvé au bureau régional de Paris, pour revenir à Montréal en tant que chef de la météorologie, en 1967. Après avoir pris sa retraite de l’OACI en 1982, il a déménagé à Ottawa, où il a assumé le poste de directeur général de la Société canadienne de météorologie et d’océanographie. Bien qu’il ait quitté cette fonction en 1994, il a été nommé directeur général émérite (un honneur dont il se sentait très fier) et a continué de travailler à temps partiel pour la SCMO, jusqu’à quelques mois avant son décès. C’était un homme gentil, attentionné et charmant, qui parlait anglais, allemand, néerlandais, hébreu, italien et français. Il pouvait faire des calembours dans plusieurs langues et il aimait composer des poèmes humoristiques pour toute occasion.